BIOGRAPHIE:
Dessinateur, aquarelliste et pastelliste. Jean-Claude Wautiez a fait seul ses premiers pas d'artistes mais s'est ensuite perfectionné pendant deux années de spécialisation à l'Académie de Bruxelles. Sa première exposition a lieu au Sablon en 1974 à la galerie I "Blivan". Ensuite, il exposera à de nombreuses reprises dans différentes galeries notamment à la Galerie du Capricorne à Mons en 74, 75 et 87, à la Citibank en 76. A partir de1990, il participe annuellement au Salon du "Bon Vouloir" à Mons.
Artiste ayant développé une oeuvre singulière où l'on retrouve des thématiques issues du mouvement symboliste mais aussi de l'univers surréaliste. Son trait est très précis avec un grand souci du détail réaliste où il développe à la fois un univers poétique et surréalisant.. De sa plume fine, précise et nerveuse, surgissent les allégories les plus échevelées revisitant ainsi les artistes florentins de la Renaissance ou encore les préraphaélites.
Artiste de la suggestion, Wautiez use de la même maîtrise, du crayon, de la plume, du pastel pour créer l'effet de ses subtiles indiscrétions.
Dans la presse:
"Symboliste et méticuleux, J.-C Wautiez célèbre , parmi les ruisseaux et les feuillages, Narcisse, Adonis et quelques autres autres personnages de la mythologie ou de l'Histoire Sainte avec laquelle il prend des libertés que je n,'approuve pas. Mais il a la main leste, le coup de plume adroit et le respect de la chose bien faite." Stéphane Rey.
"Les dessins à l'encre de Chine de J-C Wautiez, d'un graphisme habile, marqué quelque peu par un esprit 1900 sont d'un érotisme de beau langage. Les jardins de la perversité innocente lui sont des territoires de chasse privilégiés." Alain Viray
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JAMAIS UN COUP DE DES N'ABOLIRA LE HASARD - JEAN-LUC WAUTIEZ!
Sous la plume précieuse le souvenir de l'harmonie première hante l'imagination amoureuse, sur les tréteaux de laquelle il met en scène voluptueusement les anciennes séquelles du Rêve : espoirs et mystifications, nostalgies d'un désir fatalement insatisfait.
Wautiez taille dans la matière, ronge, élague, détaille. Il en élimine les grossièretés externe afin d'en réduire peu à peu l'épaisseur, il l'effile jusqu'à le transparence, il installe dans sa substance un besoin de finesse. Ainsi de la matière naissent des caps, poussent des presqu'îles de minceur: vives flèches des feuilles d'érable, dentelles ouvragées, bijoux subtils, cheveux épars qui traduisent l'impatience de l'esprit, un désir de soumettre l'objet corps et âme, à un jeu d'articulation mentales, à la Beauté. Le décor est extatiquement détaillé.
Tous ces détails ne sont pas un amusant ornement. Ils relient la scène à son projet le plus fondamental: une sérénité qui se repose dans sa perfection, s'oublie dans l'extase: le charme d'une âme à la fois intacte et accordée, l'éclat d'une chair intégrale.
Puis, soudain, dans cette chapelle verdoyante et fraîche où le feuillage est un voile voluptueux, l'oeil se pose, dérouté, sur un délicat outrage: sur la mantille de l'humble Marie-Madeleine, là où l'on attendait le visage du Christ, c'est son sexe qui apparaît.
Quoi qu'on imagine déjà, Wautiez n'a rien d'un provocateur. Il n'est jamais brutal. Les sexes qu'il dessine ne sont pas arrogants. Son rôle est celui de montreur. Le blasphème, s'il y a, n'est qu'un motif de l'oeuvre, parce qu'il n'est pas livré directement au regard, mais isolé dans un paradis terrestre, glacé, surréalisé en des jeux de lumière, de verdure ou de vêtement. Surtout, il est enveloppé d'une imagerie qui renvoie aux mythes antiques ou bibliques. La composition générale du dessin, la scène, est une sorte de discours introductif au motif profanant ou simplement symbolique, une correspondance déroutante chargée d'en reculer la crudité et de l'établir par son commentaire graphique luxuriant, qu'elle étend autour de lui en un espace nouveau de rêve et d'idéalité.
L'avantage de cet exhibitionnisme, fixé sur le corps en même temps que sur l'idée, c'est qu'il n'entraîne plus aucune gêne, même pour le voyeur collet monté.
Artiste de la suggestion, Wautiez use avec la même maîtrise, du crayon, de la plume, du pastel ou du lavis, ensemble ou séparement, pour créer l'effet de ses subtiles indiscretions, briser le mythe sur la réalité, éventer la matière en en exhalant l'esprit.
Et, chaque fois, il ne manque pas de nous jeter de l'autre côté de notre propre nuit.
TEXTE DE STEPHANE MALLARME A L'OCCASION DE L'EXPOSITION "JEAN CLAUDE WAUTIEZ" A LA GALERIE CAPRICORNE A MONS DU 6 JUIN AU 15 JUILLET 1987.