Peintre. Formation à l' Ecole de Dessin et d' Industrie de Schaerbeek, à l' Académie de Bruxelles chez H. Richir et I. Verheyden. Peint des paysages, des natures mortes, des fleurs et des intérieurs. Pour ses paysages, il s' inspire de sa
propre région et de l' Auvergne. Ses intérieurs baignent dans la quiétude et exaltent une certaine nostalgie du passé. A participé à l' Exposition Triennale de Gand en 1925, au 47e Salon de Cercle "Kunst en Kennis" à Gand en 1946. Œuvre dans la collection de la commune de Schaerbeek.
LE PEINTRE H. STIELLEMANS (Article paru dans Savoir et Beauté, Juillet 1926)
Parmi les peintres que les expositions de cet hiver au Cercle Artistique ont mis particulièrement en évidence, il faut citer le sympathique artiste H. Stiellemans, dont les récents achats des pouvoirs publics viennent de consacrer le beau talent. Ce succès a réjoui tout le monde parce que Stiellemans est estimé par tous et que c' est un probe, un simple, un coeur tout impregné d' altruisme. Son art est à l' unisson de son esprit. Il n' est point tapageur. Il est franc, sans excès, gardant une mesure heureuse. Il est interprète avec une âme sensible des choses humbles et miséricordieuses de la vie. Stiellemans est l' évocateur de nos campagnes aux molles ondulations, des soirs de paix, des intérieurs un peu surannés de la vie paysanne. Il affectionne surtout les minutes reposantes de la vie des êtres et des choses : les petites places désuètes, le village sous la neige avec son église et ses croix, les minutes de piété recueillie dans les petites maisons pauvres. Aussi son art est peu nostalgique et précieux, comme la sensation de paix dolente d' un crépuscule, comme le chuchotis d'une prière à l' heure auguste du pain quotidien dans la maison paysanne. Stiellemans bénéfice d' un dessin très sûr et d' un coloris agréable, exact. Nul mieux que lui n' interprete l' harmonie des beaux soirs, le ciel de gel, les mille aspects de la terre sous les jeux de la lumière. "Stiellemans dit notre excellent confrère S.Bailly, a montré la faculté de s' adapter aux milieux les plus différents en rendant leur caractère essentiel, avec une personnalité très tranchée, mais respectueuse de l' image exacte, de l' ambiance textuelle. C' est ainsi que les toiles représentant des coins d' Auvergne sont imprégnées d' un sentiment dont l' extériorisation procède de méthodes presque opposées aux œuvres consacrées à un village flamand, Evere près de Bruxelles, transformé en agglomération suburbaine. En Auvergne, c' est l' enthousiasme de la couleur, la profondeur rêveuse des horizons, les nuances riches et diaprées de couchers de soleil fulgurants, la sérénité des neiges aux ombres bleues, le moelleux d' une nature aux aspects divers et où l' âpreté de la montagne nue se conjugue au vert gras des pâturages. A Evere, c' est la sécheresse sans raideur de la quiétude flamande, assoupie, vieillotte, nostalgique un peu puisqu' elle est à la veille de laisser définitivement la place à la fébrile activité de la vie citadine." C' est l' humble travail des maraîchers, les petites maisons aux toits rouges où roucoulent les pigeons voyageurs, les champs envahis par les premières maisons de rapport. Dans quelques années, le souvenir de tout cela ne subsistera que par les tableaux de Henri Stiellemans et l' on comprend que la commune d' Evere a tenu à acquérir cette collection si curieuse, œuvre à la fois d' un artiste et d'un poète. Adolphe Hardy, le bon poète n' est pas moins enthousiaste: Henri Stiellemans, dit-il dans le "Journal de Bruxelles", n' a jamais cherché à étonner par des effets de virtuosité derrière lesquels il n' y a souvent que le vide; il n' a jamais cherché qu' à émouvoir, parce que lui-meme est toujours ému. Il s' acquitte de sa mission sacrée, simplement, naïvement, comme l' ont fait certains grands artistes. Ses préférences vont sans cesse aux humbles choses, aux petits coins oubliés ou perdus. Une barque vermoulue, un arbre rabougri, une vieille croix au bord d' un sentier solitaire, une pauvre chapelle, une table de bois rugueux, des lunettes, un missel, un ouvrier campagnard au travail, de telles données lui suffisent à concevoir et à produire un tableau remarquable, parce qu' il se les assimile avec sincérité, ferveur et piétié, et qu' il les anime magistralement de sa pensée. Marius Renard.