Biographie:
Sculpteur, céramiste. Formation à la Cambre à Bruxelles. Diplômé en céramique en 1962. A notamment réalisé la décoration de la station de métro "Stuyvenberg", dédiée à la mémoie de la Reine Elisabeth. Œuvres acquises par l'Etat en 1972.
Yves Bosquet - Pierre Loze, 2006
Ce sont des effigies de femmes, simples et belles, comme on en croise parfois dans la rue ou sur la plage. De vraies femmes, bien en chair, loin de toute imagerie glacée: une jolie baigneuse, une jeune fille d'allure vive, une belle poissonnière d'Ostende, à l'air encore un peu enfant, une Viennoise élégante, une Berlinoise attifée à sa façon...Mais au lieu de s'échapper dans la foule, et de disparaître, elles sont là devant nous, et restent posées candidement, laissant ressortir avec force leur naïve beauté. Le regard est lointain, comme absorbé dans une rêverie prolongée. Elles s'y abandonnent un instant, et ce moment s'éternise. Elles ont les yeux fixés sur un horizon que nous ne voyons pas. Peut-être ont-elles accès à cette éternité qui nous est refusée? Il est certain qu'elles nous survivront, et ce ne sont pas les quelques conventions vestimentaires les rattachant à notre époque qui les empêcheront de traverser le temps.
Curieusement, celles qui sont habillées semblent parfois plus nues, comme si du contact entre ce présent, fait de modes ou d'étoffes reconnaissables, et ce lointain où elles nous projettent naissait un court-circuit un peu indécent, un léger choc nous livrant au sentiment aigu de la contingence. Nous les contemplons et, subrepticement, elles nous font entrer dans leur état, comme si, par contagion, nous devenions, à notre tour, songeurs un peu plus vulnérables, peut-être mais capables de regarder au-delà de l'immédiat, avec un peu plus de sérénité, en si bonne compagnie.
Si elles expriment quelque chose, ce n'est pas par le biais de sentiments ou d'humeur. La psychologie et l'expression sont des catégories très neuves. Nul ne contestera leur existence, mais il n'est pas certain qu'elles manifestent tout de l'être. L'âme est une idée beaucoup plus ancienne, gréco-romaine. Et c'est elle sans doute qui se manifeste dans ces statues. Leur regard naît, en partie du vide de leur yeux, creusés irrégulièrement où se produit une légère vibration, au contact de lumières changeantes. Ce gouffre, où ne restent que poussière et lumière, nous prend dans son magnétisme, et nous suggère peut-être ce qui nous attend.
Le bois qui n'adment aucun repentir, oblige à la synthèse. Sa contrainte a servi de guide et conduit à une facture qui donne à ces visages leur intensité, leur tranquillité, leur force d'archétypes, et leur confère cette allure pythies. Certaines de ces effigies sont cependant des protraits, réalisés autrement, par modelage, en terre, et en cherchant la ressemblance. Elles suivent alors un autre guide, mais obéissent à la même exigence de synthèse entre ce qui se voit et ce qui se laisse deviner au-delà de l'enveloppe formelle.
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