Affirmant d' emblée une indépendance d' esprit et une ardeur pour la modernité, la jeune artiste fait montre d' une vivacité d' écriture et d'une imagination toute personnelle pour des sujets quotidiens qui trouvent leur réussite dans une vision primesautière de la realite à la fois tendre et acide, dans des vues plongeantes insolites et une palette fauve qui chasse joyeusement les ombres.
Au cours de la guerre, un coup de pinceau plus allègre exalte davantage l' expression de la forme par la couleur et suscite une synthèse plus élaborée de l' image; c' est alors qu' exposant à la galerie Manteau, elle provoque des rencontres qui seront à l' origine, au lendemain de la guerre, de la creation de la "Jeune Peinture Belge". Comme ses compagnons Van Lint, Bertrand, Mendelson et Anne Bonnet, mais avec une palette qui s' écarte plus radicalement de l' animisme, l' artiste expérimente les possibilités nouvelles de l' abstraction, d' abord selon la tendance géométrique à l' ordre du jour, ensuite, vers 1955, de manière plus dionysiaque et gestuelle, suivant les " appels d' une nature évolutive, lyrique, soucieuse de matière" declara-t-elle.Le nouveau langage lui permet d' exprimer sa fascination pour les forces élémentaires de la nature -eau, feu, neige, soleil, forêt, roc, influx organiques,- en d' émotifs jaillissements gestuels zébrant uniformément des compositions d'une totale bidimensionnalité.
Vers 1963, au coeur du tumulte informel de sa peinture, apparaissent de nouvelles allusions figuratives qui allument à nouveau la féconde imagination métaphorique de l' artiste. Désormais, les fêtes de la couleur pure, la féerie des lumières et la subtilité fantasque du graphisme serviront les savoureuses transpositions de souvenirs ou de situations imaginées. Personnages suspendus et désaxés, chevelures végétales et vélo-oiseau, c' est au coeur de telles métaphores plastiques que résident la poésie de Mig Quinet et son caractère exalté et ironique à la fois, poésie, qui garde toutes les traces de la fébrilité du pinceau, une poésie fragile parce qu' elle témoigne d' un écartelement intérieur entre la destruction lucide et la recherche d' absolu.