Peintre. Formation à l'Académie de Bruxelles Chez Léon Devos et Maurice Mareels (1946 - 1950), à l' Académie d' Ixelles chez Charles Swyncop. Son œuvre se rapproche du surréalisme et du fantastique et est également truffée de références symboliques. Dans ses œuvres apparaissent souvent des cathédrales gothiques et des bâtiments médiévaux, en combinaison avec des bougies allumées, symbole de la vie ou de la précarité des choses. Les œuvres exhalent mystique et religiosité. Peint également des paysages et des tableaux nocturnes. Rétrospective de son œuvre à l' abbaye de Dielegem à Jette en 1980.
A l'heure du bilan du surréalisme, peu d'artistes marginaux subissent sans revers, l' épreuve du temps. Les épigones, les ralliés pour compte voient leur cote s'effondrer. D'autres plus rarement, prennent un relief saisissant. Fernand Poncelet est de ceux-là. Pour diverses raisons dont la plus importante est sans doute l'équivoque dont s'entoure son œuvre, jugée différemment par les surréalistes eux-mêmes et par Poncelet. Les premiers étaient disposés à le reconnaître. Poncelet lui-même se réclamait d'un "romantisme attardé", c'est-à-dire de l'un des courants les plus profonds en amont de la vague surréaliste. Ceci explique la profonde authenticité, le cheminement rigoureux, les thèmes si personnels d'un artiste que la discrétion naturelle empêcha, de son vivant, d'accéder à la notoriété. Une notoriété que sa démarche eût placée à un rang enviable sur l'échiquier international de la peinture contemporaine. Artiste pénétré, pondéré, minutieux, Poncelet n'a pas laissé une œuvre abondante. Celle-ci est promise à une éclatante reconnaissance. L'étrange personnalité de cet artiste s'impose de jour en jour avec une force croissante. Il suffit, pour s'en convaincre, de revoir ses symboles usuels, les archétypesde son imaginaire. Lucien de Meyer. (Poncelet, Paul Caso, Art Poche)
ECRITS SUR PONCELET:
Il y a dans la peinture abstraite une sécurité que Poncelet refuse pour se donner librement à ses songes, à ses tourments, au débat qu'il propose en nous offrant des images bouleversant notre confort sentimental et intellectuel.
Poncelet ne cherche ni à surprendre ni à étonner. Son art est le témoignage d'une interrogation toujours présente dans son esprit. Ce n'est pas une quête joyeuse mais la recherche d'une vérité dont la possession est difficile.
Pourquoi la vie? D'où vient-elle et où mène-t-elle? Quel est son sens? Est-il suffisant de peindre, d'écrire des poèmes, de se consacrer à la musique, à l'architecture, à la philosophie?
Poncelet se donne à lui-même des réponses qui se formulent en images imprévues, inquiétantes. Elles ne suppriment pas le problème mais le renouvellent. La question essentielle demeure posée, identique à celle que se posèrent les poètes, les philosophes, les théologiens des civilisations disparues. Pour lui comme pour le scribe égyptien ou le rorate biblique, l'existence de l'homme se déroule sur un théâtre d'ombres, son comportement est le geste du vide, le chant fugitif des apparences glissant au néant. Ce qui fut écrit reste écrit: tout retournera en poussière, tout est poussière et poursuite du vent. Pourtant une partie de l'œuvre picturale de Poncelet, comme un nouvel éloge de la folie, va de la drôlerie au fantastique, du gracieux à l'absurde.
Fernand poncelet naquit à Izier, village de la vallée de l'Ourthe. Il eut une enfance rôdante et frissonnante. Les objets singuliers le fascinaient. Il s'intéressait aux terres en jachères où foisonnent les plantes sauvages aux bâtiments en ruines, aux choses accablées par l'usure, dévorées par la rouille, le salpêtre, les mousses, aux paysages plats surmontés de ciels immenses et lacérés. Il aima la mer pour ses espaces salés et le plateau tragique des hautes Fagnes.
Adolescent, il trouva en Flandre les vastes horizons, les monuments anciens mordus par le temps, un passé artistique prodigieux. Les antiques cités de Bruges et de Damme exaltèrent le jeune artiste wallon. Il se prit d'admiration pour Uylenspiegel, farfelu mais héroïque. Mais il nourissait cette sorte d'inquiétude métaphysique dont Cocteau disait qu'elle est le signe des "Nocturnes". De fait, les meilleures œuvres de Poncelet ont un caractère crépusculaire, même lorsqu'elles proposent des espaces clairs et des colorations vives.
On trouve dans sa technique de peintre - appliquée et patiente- des effets de pinceau assez astucieux, allant de l'élémentaire au précieux. Il ne fait pas de part au hasard. Son métier est traditionnel mais sujet à variations, selon la recherche à laquelle il se livre ou le sujet qu'il traite. Sa palette, sévère, comporte un prédilection pour les tonalités sombres et cependant plus d'une de ses peintures est basée sur des tons délicats ou m^me éclatants. Comme il poursuit longuement un rythme expressif. Poncelet cherche des harmonies de couleurs accordées au sens même de l'œuvre. PIERRE-LOUIS FLOUQUET 1965