BIOGRAPHIE:
Peintre. Formation à l'Académie de Bruxelles chez J. Stallaert et J. Portaels (1892 - 1900). Prédilection pour les paysages, les figures, les portraits, les marines (Nieuport), les scènes d'histoire, les peintures murales. Prix Godecharle en 1900. Il a étudié les maîtres anciens et les artistes romantiques au Louvre et a été initialement influencé par E. Delacroix. S'installe à Schaerbeek en 1916. Il acquiert une solide réputation entre 1901 et 1920, surtout comme portraitiste. Auteur de "Le Serment Constitutionnel d'Albert" pour le Palais de la Nation, œuvre dans laquelle on retrouve plus de trois cents personnages.
JULES CRAN, UN ARTISTE THUDINIEN QUELQUE PEU OUBLIE:
À Thuin, plus grand-chose ne rappelle le souvenir du peintre Jules Cran, mis à part quelques-uns de ses tableaux exposés à l’hôtel de ville
Aux côtés de l’écrivain Maurice des Ombiaux et du compositeur Benoît-Constant Fauconnier, le peintre Jules Cran fait partie des grandes personnalités thudiniennes. En 1977, Michel Conreur l’a ressuscité en lui consacrant une exposition et une plaquette à l’occasion du centenaire de sa naissance. «On ne connaît pas grand-chose de la petite enfance de Jules Cran si ce n’est qu’il a sans doute fréquenté l’école communale de la Ville-Basse située à deux pas de son domicile. En 1886, il entre au Thuin mais c’est à l’athénée de Chimay qu’il termine ses humanités», nous apprend Michel Conreur.
Doué pour le dessin
Tout jeune, Jules Cran présente un don pour le dessin. Il croque volontiers le portrait de ses condisciples et de ses professeurs dans les marges de ses cahiers d’écolier.
Il est attiré par la peinture et souhaite entreprendre des études supérieures dans ce domaine mais ses parents ne voient pas d’un bon œil le fait de s’aventurer dans une carrière aussi hasardeuse. Encouragé et soutenu par son frère Henri qui habite Ixelles, il s’inscrit à l’ académie des Beaux-Arts de Bruxelles le 30 octobre 1892. Il réside sans doute à proximité de son frère.
Très vite, ses maîtres Stallaert et Portaels voient en lui un élève brillant et un élément prometteur. Il remporte le premier prix en peinture décorative. En 1898, il obtient un premier prix en peinture nature. En 1900, un nouveau premier prix couronne ses années d’académie. Il participe déjà à plusieurs concours et obtient des résultats honorables.
Deuxième à Rome
Alors qu’il termine ses études, Jules Cran entreprend une œuvre monumentale qu’il compte présenter au Grand-Prix de Rome. Il puise son inspiration de «La Conscience», un poème de la Légende des Siècles de Victor Hugo. Malheureusement, il obtiendra le deuxième prix à Rome. Dans le même temps, le prix Godecharle lui est attribué.
À l’automne 1900, Jules Cran éprouve le besoin d’aller perfectionner son art au contact de grands génies de la peinture. C’est ainsi qu’il se rend au Louvre à Paris.
En janvier 1901, il revient s’installer chez ses parents, à Thuin, et commence à peindre les membres de sa famille et les enfants de son frère Henri. Il devient portraitiste. L’année suivante, il réalise «Le Sphinx», un nu au visage énigmatique et fascinant ainsi que «Les Filles du Rhin» dans lequel l’influence de Delacroix est très marquée.
Bohème
En 1902, Jules Cran loue un vaste atelier au quatrième étage de la rue Schaerbeek. Il partage sa vie de célibataire bohème, entre Bruxelles et sa petite ville natale. Coup sur coup, il perd son père et son frère René. Lorsqu’il rentre à Thuin, il retrouve sa mère dont il réalisera plusieurs portraits.
En 1914, la guerre, le décès de sa mère et la somme importante qu’il a reçue pour la prestation de serment d’Albert 1er atteignent progressivement sa sensibilité.
Peu à peu, il sombre dans l’alcoolisme. Miné par la maladie, sans doute une cirrhose du foie, il s’éteint à Schaerbeek le 2 février 1926.
ARTICLE PUBLIE DANS LE JOUNAL "L'AVENIR" LE 8 FEVRIER 2013. VINCENT PINTON