BIOGRAPHIE:
Peintre, compositeur, écrivain, artiste et graveur. Né en 1919, Michel Ciry révèle, dès l'âge de quinze ans des dons exceptionnels pour de l'essentiel, le dessin, la gravure et la musique.
Michel Ciry considère que le dessin est un élément essentiel de l'art figuratif. Véritable écriture, le dessin exige une grande concentration dynamique puisque chaque trait a vocation de traduire et d'organiser le sujet, et chaque trait signifie en structurant l'œuvre. Le dessin, chez cet artiste, est un hymne graphique à la pureté ainsi qu'à l'expression. A la recherche de l'essentiel, la ligne est d' une impérieuse sensibilité. Elle s'interrompt peu, et seuls quelques imperceptibles déplacements de plume créent une pulsation qui ne trouble jamais le silence immobile des personnages évoqués. L'univers des personnages en méditation prédomine mais le paysage s'octroie de belles pages, souvenirs de voyages ou paysages familiers.
C'est cependant la technique de l'aquarelle que Michel Ciry choisit le plus souvent pour traduire l'émotion que lui procure un lieu. Il pratique l'art du carnet de voyage. Les lumières de la Grèce, celles du Sud, comme les étendues désertiques d'Afrique du Nord ou l'atmosphère industrielle des ports du nord de l'Europe, lui inspirent des œuvres colorées et subtilement modulées. Son environnement quotidien l'attire aussi: la Normandie et bien sûr, Varengeville-sur-Mer où il demeure. La lumière particulière de chaque lieu donnera naissance à des aquarelles délicates et fortes, précises et riches d'évocation, contrepoints apaisants au sein d'une œuvre grave.
Michel Ciry conçoit l'aquarelle comme une œuvre comparable en densité à l'œuvre peinte. Malgré le péril d'une tache de couleur malencontreuse et irrécupérable, il la pousse aussi loin qu'il en ressent le besoin, jouant peu des blancs de la feuille, orchestrant les couleurs et leurs transparences. Elaborées sur le motif, les aquarelles sont reprises en atelier jusqu'à leur achèvement.
La peinture à l'huile fait plus tardivement son apparition dans la vie de Michel Ciry. Il s'y emploie dès 1952, détruit beaucoup, et n'expose qu'à partir de 1955. Peu à peu, cette technique s'impose à lui au prix de son activité de compositeur qu'il abandonne en 1958.
Dès la fin des années cinquante, l'univers religieux fait l'objet de grandes compositions en alternance avec le paysage et la nature morte qu'il supplantera complètement. Michel Ciry conçoit plusieurs toiles simultanément. Le long travail de réflexion et la part artisanale du métier succèdent aux séances de poses du modèle. Si le dessin reste le support essentiel de l'œuvre peinte, la couleur intervient par un jeu savamment maîtrisé de contrastes et d'oppositions. Le glacé, et non l'empâtement, souligne l'expression. Le visage et les mains des personnages, soulignés fortement par le travail de la lumière, traduisent leurs sentiments et leur intériorité. La fixité de leur regard et le silence qui les baigne, accentue l'effet dramatique: ils apparaissent comme les symboles de la souffrance et de l'espérance. Les plis des vêtements suggèrent le mouvement du corps et structurent l'espace. Leurs couleurs vives et franches contrastent par leur gaieté avec l'expression des personnages ainsi vêtus. Les arlequins aux costumes bigarrés n'en ont l'air que plus solitaires et désabusés.