BIOGRAPHIE:
Peintre, aquarelliste et dessinateur relevant du réalisme poétique mais dans une facture post-expressionniste: chevaux, champs de courses, paysages, vues urbaines et natures mortes sont ses thèmes préférés. Etudie à Saint-Luc à Saint-Gilles. Evolue de l' expressionnisme vers une poésie qui rappelle Raoul Dufy. Sa peinture est spontanée et brillante, avec une explosion de couleurs vives. Œuvres au Musée de Bruxelles.
JAN VAN WEL VU PAR LA CRITIQUE
Il était peut-être fatal qu' après avoir spéculé sur l' intelligence et fait une grande dépense de cérébralité, d' imagination et de raisonnement appliqués aux formes, la peinture cherchât à se retremper dans la joie, dans la liberté des instincts, dans l' euphorie des couleurs vives et des sensations directes. Mais à vrai dire, cette évolution qu' on attendait depuis l' épuisement des formules hier "vivantes" on ne la voyait pas se produire en Belgique quand fut révélé en Belgique l' art de Jean Van Wel.
Que nous apporte ce vrai jeune, si ce n' est un rafraîchissement espéré, un bonheur dont on peut seulement se demander si l' époque actuelle est digne? Désintoxication, optimisme, courage de sourire encore et de retrouver une enfance dans le vieux pays de Bruegel.
L' Œuvre de Jan Van Wel, avec une audace tranquille au delà de tous les mots d' ordre, répond à quelque obscur désir de franchise, de chant spontané qui n' est point mort au coeur de l' homme. En étant simplement, joyeusement lui-même, le peintre nous réconcilie avec une nature que l' on a pas complètement sophistiquée, avec une vie des sens, et du coeur qui vaut la peine d' être vécue pour elle-même.
On ne voudrait, pour aucun commentaire, affaiblir la vivacité, enrayer l' élan, atténuer le charme d' une peinture qui se propose très loyalement pour ce qu'elle est, ne faisant mystère de ses intentions ni de ses moyens.
Mais on voudrait que soit entendu, dans le brouhaha du moment, le message de paix, de poésie de Jean Van Wel. Paul Fierens
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Jean Van Wel est à la fois connu de longue date et redécouvert depuis quelques années seulement. Ceux qui connurent ses débuts à la galerie Manteau dès avant guerre sont restés fidèles à son imagerie dynamique et tendre et ont suivi avec amitié son cheminement d' une inlassable sincérité. D' autres l' ont apprécié à travers les œuvres que mit en valeur la galerie Horizons qui l' accueille aujourd' hui à nouveau.
Un petit homme discret. Il vit modestement, il a de la drôlerie, de la tendresse devant la vie. Il aime la nature, les jardins de banlieue, les parcs imaginaires, la neige qui tombe à gros flocons et par dessus tout, les champs de courses. On ignore s' il a rêvé d' être jockey un jour. Il l' aurait pu. Il était physiquement taillé pour cela. Mais il a vécu les grands prix en spectateur ébloui plutôt qu' étriers hauts, à califourchon sur un pur-sang frémissant.
Un sens de la fête. Que ce soit au paddock, à la pelouse, aux tribunes, devant ce monde pittoresque et haut en couleurs, Jean Van Wel sait faire défiler montures nerveuses et cavaliers graves en casaque de soie bariolée. Ils attendent qu' on les appelle à la ligne de départ. Mais lorsque le peleton prend son vol, quand il aborde le virage à l' ombre des grands arbres quand il s' étire en plein effort dans la ligne droite finale, le peintre fait passer dans ses œuvres une émotion, une vibration de l' âme et des nerfs, proprement inimitables.
Paisible aussi. Mais ce diable d' homme, qui s' excite au bruit des galops, sait aussi savourer le moment dans la calme intimité du jardin d' hiver, auprès du chat familier, quand le soleil doucement vient percer les rideaux. Ici, Jean Van Wel rejoint les peintres de la réalité poétique. Il a, au fond, l' âme naïve et tendre. Il aime ceux qui l' aiment, ses souvenirs de jadis, les objets qui sont les témoins de sa vie déjà longue, dont il savoure la douceur avec philosophie des vrais sages et des vrais poètes. Stéphane Rey
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La guerre ne semble pas avoir exercé de répercussion sur l' art de Jean Van Wel. C' est toujours le même univers féerique et pimpant qui se trouve évoqué dans ces toiles de la Galerie Manteau, un univers dont les éléments sont directement empruntés à la campagne brabançonne, mais qui, grâce à l' appoint d' un coloris tout en nuances fragiles, acquiert un caractère éminemment fantaisiste. De vaches légères et diaphanes, de fins chevaux racés se meuvent comme autrefois entre les arbres, des poulains folâtrent dans une prairie, Jean Van Wel est également resté fidèle à sa palette, laquelle ne comporte que des tons joyeux et chatoyants, le noir et les bruns étant impitoyablement bannis. Tout au plus pourrait-on relever ici et là le souci d' accepter une discipline décorative plus stricte. C' est ainsi que les compositions à fond vert, sur lequel se détachent fixés en quelques traits elliptiques, des oiseaux ou des poulains, rappellent les tissus imprimés de Raoul Dufy. Georges Marlier